Initiatives : un cépage suisse dans les vignes du Beaujolais

Alexandre Rivière et son père, tous deux vignerons à Lachassagne (Beaujolais) viennent de mettre en bouteille leur cuvée 100 % Gamaret. Ce cépage connaît un joli succès en Beaujolais, bien que discret. Des discussions sont pourtant en cours afin qu’il intègre le catalogue de cépages autorisés.

Ils se disent impatients de voir le Gamaret entrer officiellement dans le catalogue des beaujolais/beaujolais villages. Alexandre et son père, Jean Pierre Rivière, vignerons à Lachassagne ont fait le pari d’en planter sur une parcelle. Quatre ans après la plantation, ils viennent de mettre en bouteille leur première cuvée 100 % Gamaret. Ce vin, qui sort des critères des appellations d’origines protégées, sera vendu en dénomination « vins de France ». Verdict d’un pari osé, qu’Alexandre, à l’origine de cette initiative, résume en quelques mots : « Sortir des sentiers battus, innover et surtout s’amuser avec de nouveaux cépages ».

Un « cousin » du Gamay, dit cépage améliorateur

« L’idée m’est venue lors de mes études à l’école d’ingénieurs de Changins en Suisse, explique-t-il. Le Gamaret y a été créé, il y a trente ans. On l’a longuement étudié avec nos professeurs. J’ai aussi recherché des conseils auprès de mon frère ou d’amis œnologues et vignerons, pour l’adapter au mieux aux terroirs et expositions de notre domaine. »

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Un premier essai concluant

Le Gamaret est un croisement du Gamay et du Reichensteiner, un cépage blanc autrichien. On le trouve particulièrement implanté dans la région du lac Léman. Il donne d’excellents résultats en Beaujolais depuis quelques années, où il intervient généralement comme cépage améliorateur, c’est-à-dire qu’il est ajouté en assemblage au Gamay à hauteur de 10 à 15 %. « Il séduit en apportant aux vins une couleur intense, de la structure et de la finesse », ajoute le vigneron.

Oser une cuvée monocépage

Alexandre Rivière a choisi d’en faire un vin monocépage (composé d’un seul cépage). Il ne représente qu’une petite partie de leur production, soit un demi-hectare de vignes : « il s’agit d’un premier essai, mais je ne regrette vraiment pas. Ça apporte un réel complément au Gamay et au Pinot noir que nous avions déjà. Les amateurs de vins sont en demande de nouveautés, ils veulent être surpris. »

Le vigneron a déjà d’autres idées pour les mois à venir : « je projette de planter du Pinot gris (Alsace/Italie) et nous avons fait l’acquisition d’une parcelle de Merlot (Bordeaux/Languedoc). » La seule contrainte au final pour le viticulteur, c’est de gérer les maturités, au moment de la vendange.

Crédit photos : EB

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Jean-Pierre Rivière et Alexandre, son fils comparent leurs cuvées, afin de peaufiner leurs futures vinifications.

Un complément lors de récoltes amoindries

Depuis 2003, les sécheresses fréquentes et les très forts épisodes pluvieux ont tendances à se multiplier avec le réchauffement climatique, y compris en Beaujolais. De difficiles conditions météorologiques qui entraînent des moisissures de la grappe et favorisent les maladies du vignoble telles que le mildiou et l’oïdium. Ces maladies ont pour conséquences de détruire la récolte. Pour l’instant, le Gamay est plutôt résistant. Le Gamaret serait un bon complément si les rendements de Gamay devenaient trop faibles. Alexandre Rivière explique : « Pour faire face à cela, il faut un raisin à peau épaisse et à grosses baies, des grappes aérées qui laissent passer le vent. Ainsi, les grains s’assèchent et deviennent moins sensibles aux champignons et autres maladies de moisissures. » Le Gamaret correspond parfaitement à cette description.

La réponse de l’INAO de Mâcon : « Le comité technique devrait donner le feu vert »
« Les conclusions du programme d’expérimentation du Gamaret, commencé en 2014 viennent d’être rendues à l’expertise du comité technique. Les résultats sont plutôt positifs, le comité technique devrait donner son approbation à l’automne. Ensuite le rapport sera soumis début 2019 au comité national. Il s’agit de la dernière étape en vue de l’ajout du Gamaret au catalogue des cépages autorisés en Beaujolais. Cependant, seules les organismes de défense et de gestion auront la responsabilité quant à son adjonction dans le cahier des charges de leur appellation. Nous sommes attentifs à ce que l’entrée d’un nouveau cépage ne bouleverse pas le caractère d’un terroir. C’est pour cela qu’une expérimentation prend plusieurs années. L’ajout de 10 à 15 % d’un autre cépage doit être correctement étudié car cela aura des conséquences sur les appellations ».

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